Chrysalide d’énergie

D’abord, il y a ce bleu, profond, dense, presque liquide. Il enveloppe la surface comme une nuit sans fond, un écran où quelque chose affleure, prêt à éclore. Puis viennent les éclats blancs, nerveux, insaisissables. Ils traversent la matière, la fissurent, la libèrent.
On pourrait croire à un souffle, à une onde capturée en plein essor. Mais à mesure que l’œil s’attarde, l’image se défait, se reforme autrement. Ce qui semblait immobile devient mouvement. Ce qui paraissait cristallisé se met à vibrer. Les tracés s’effilochent aux extrémités, comme si l’œuvre voulait s’échapper de son support.
Le vieux transformateur devient chrysalide, un espace de métamorphose où l’énergie brute se canalise, s’adoucit, se dissémine. CRBZ en fait le réceptacle d’une nouvelle impulsion, qui se propage à la surface et se déploie en flux continu. Maître du calligraffiti, il pousse la lettre aux confins de l’abstraction. Plutôt qu’un message, il insuffle un rythme, une vibration qui se fond dans le paysage.
Chaque coup de pinceau, chaque volute dialogue avec le silence des cimes, avec le frisson du vent dans les épicéas. Selon l’angle et la lumière, les tracés se densifient ou s’effacent, battement suspendu entre le visible et l’invisible.
Dans ce village de Notre-Dame-de-Bellecombe, où l’authenticité s’accorde à la nature, son geste réajuste notre manière d’appréhender le monde. L’art impose une nouvelle cartographie du regard, s’immisce dans les marges du quotidien et surgit là où personne ne l’attend.
Le vieux transformateur prend vie, tel un corps abandonné que l’on ranime. Dans cet imperceptible sursaut, il bouleverse notre perception de l’énergie — celle qui nous lie au territoire.
Crédits texte : ©Be on the Crest.

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